Le plaisir sexuel féminin : la grande Omerta


Le plaisir sexuel féminin : la grande Omerta

« Dans les Monologues du Vagin, Eve Ensler nous dit que l’on ne peut reconnaître ce que l’on ne nomme pas » 

Je vais parler ici du tabou du plaisir féminin.

Périnée et désir : quand le corps réveille la sexualité

En 2018, je participe au stage « Périnée et Mouvement » animé par Blandine Calais-Germain. Nous étions 20 participantes entre 30 et 60 ans réunies pour 2 semaines de formation intensive à la méthode décrite comme « une ligne de travail qui met en jeu le périnée dans le corps entier en mouvement. La méthode se présente comme une séance de gymnastique collective, à cette différence près que tous les mouvements y sont sélectionnés et agencés ensemble dans un but constant : amener des formes variées de sollicitation du périnée ».

Les participantes ont toutes une connaissance du corps en mouvement : danseuses professionnelles ou amatrices, professeures de Pilates, Yoga, Chi Gong, Shiatsu, sages-femmes. Les cours se déroulent suivant une succession d’activités : exercices pratiques de découverte en se mettant à la place de ceux qui suivront nos futurs ateliers, exposés anatomiques, observation de moulages et planches anatomiques, pédagogie de la méthode, débats et retours d’expériences.

sexothérapie

Santé ou plaisir ? Le tabou persistant du bien-être sexuel féminin

Aux alentours du cinquième jour, les corps commencent à être rodés aux 4h quotidiennes d’activités centrées sur la zone périnéale et, à la pause-café, les langues se délient : nous sommes plusieurs à ressentir un éveil de notre désir sexuel, à avoir envie de rapports ou de masturbations, à faire des rêves érotiques. Nous en parlons à Blandine Calais-Germain qui explique avoir centré sa méthode sur le maintien d’un « périnée en bonne santé garant d'un corps tonique et très soutenu, tandis qu'un dérèglement peut conduire à des pathologies de type descente d'organe ou incontinence urinaire. »

Nous interrogeons sous l’angle du plaisir et obtenons une réponse en termes de santé et de prévention des pathologies. Cette anecdote révèle combien, même à notre époque, il est difficile de parler du plaisir féminin. Le clitoris n’ayant été véritablement étudié qu’à partir de 1998, on comprend qu’il ait fait partie des « choses à taire » et cela se perpétue encore de nos jours.

Santé sexuelle : une définition qui intègre (timidement) le plaisir

Les définitions du Haut Conseil de la Santé Publique et de l’OMS reconnaissent le plaisir comme un pilier essentiel de la sexualité. Pourtant, dans les documents officiels, il demeure marginalisé, souvent relégué à des problématiques de troubles ou de risques.

Malgré une hyper-sexualisation de l’espace public, le plaisir féminin reste une zone floue, parfois niée. Dans l’imaginaire collectif, il semble encore être perçu comme superflu, voire dérangeant. Cette invisibilisation impacte directement la perception qu’ont certaines femmes de leur propre corps et de leur droit à jouir pleinement de leur sexualité.

Sexualité féminine : entre utilité et plaisir, un clivage persistant

L’histoire et les croyances ont façonné l’idée que le sexe féminin devait avant tout être fonctionnel :

  • procréation,
  • hygiène, 
  • prévention des troubles

Cela se reflète encore dans la réticence à explorer la sensorialité pour elle-même, comme en témoignent les préférences marquées pour les ateliers axés sur la santé du périnée plutôt que sur l’exploration du plaisir.

Une révolution inachevée : les limites du progrès sexuel

Si les femmes d’aujourd’hui ont accès à plus de liberté sexuelle, la révolution ne s’est pas faite dans tous les domaines. La sexualité hétérosexuelle reste encore largement structurée autour du plaisir masculin, et l’intégration réelle du plaisir féminin dans la culture sexuelle contemporaine reste un combat en cours.

Les femmes doivent encore s’autoriser à explorer et revendiquer leur sexualité en dehors des normes patriarcales. Ce chemin, fait de découvertes, d’expérimentations sensorielles et de connaissance du corps, mène à une affirmation pleine et entière de leur puissance sexuelle.

Nous sommes à l’aube d’un changement où le plaisir féminin n’a plus à être justifié, minimisé ou tabou. Ouvrons la porte à une sexualité libre, assumée et pleinement vécue !

Vous souhaitez en savoir plus sur le sujet ? 


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